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Shao Huo 

Shao Huo est le titre de la dernière série du peintre français Mickaël Doucet. Cette appellation mystérieuse trouve son origine dans la culture chinoise du XIXe siècle, désignant les figurines de papier qui symbolisaient la vie des défunts et qui étaient brûlées lors de leurs funérailles.

 

Au-delà des mots, le peintre dévoile un nouvel univers, tout aussi énigmatique que ce titre le présageait. Comme à son habitude, Mickaël Doucet offre à la vue des morceaux d'espaces, évoquant subtilement ici et là des questionnements inhérents à la condition humaine, mais la rupture avec sa série précédente des Villégiatures est bel et bien consommée.

 

Le peintre montre un aspect différent de ses villas, plus intime et plus profond, comme si l'observateur avait enfin pu pénétrer ces espaces lisses. On quitte les grandes surfaces carrelées et bétonnées des Villégiatures et leurs perspectives sans fins pour rejoindre des pièces plus familières, dans lesquels on retrouve le goût de l'artiste pour le mobilier design. Mickaël Doucet nous introduit presque secrètement dans des espaces réduits ; au détour d'une chambre à coucher, d'un bureau ou d'un boudoir.

 

Le contraste entre l'espace clos intérieur et l'immensité extérieure fait naître l'angoisse d'une menace imminente. On ne se focalise plus sur l'intérieur, on le confronte à l'extérieur, comme une nouvelle possibilité, une échappée... ou bien une brèche dans la forteresse humaine. Les baies vitrées ont toujours ce même rôle transitoire entre deux mondes, mais dont la fragilité annonce la prise de dessus imminente de l'un sur l'autre. Celles-ci laissent filtrer la lumière, élément plastique primordial pour la technique du peintre qui met en place des jeux de textures et de profondeurs. Les Shao Huo évoqués dans le titre de la série sont incarnés par la présence d'origamis qui se dissimulent dans une végétation luxuriante ou pour certains qui ont déjà pénétré le monde intérieur. Les courbes offertes par les éléments de végétation viennent perturber la linéarité des intérieurs. De la même manière, le silence et l'immobilité des intérieurs semblent contrebalancés par l'extérieur indompté et l'apparition des origamis. L'équilibre est bouleversé, les Shao Huo se sont introduits à l'intérieur par les issues laissées délibérément ouvertes par l'artiste.

 

Les Shao Huo peuvent être perçus comme des allégories de la violence et de la mort, données indissociables de l'humanité, et bien en accord avec leur fonction funéraire initiale. Ces créatures de papier paraissent être porteuses d'une nouvelle angoissante, celle d'une apocalypse à venir. Tels des émissaires du chaos, les origamis donnent toute leur puissance suggestive aux toiles et nourrissent le récit de l'artiste. Celui-ci complexifie sa grille de lecture et introduit des références à une mythologie universelle. Il refuse pourtant l'idée d'une opposition binaire entre vie et mort, laissant à l'observateur son droit à l'interprétation et au questionnement. Après tout, cela ne pourrait être qu'un mauvais rêve...

Léa Leclercq

Shao Huo is the title of the latest series of works by the French painter Mickaël Doucet. Its mysterious name finds its origin in the Chinese culture of the XIXth century, for the paper figurines which symbolized the life of the dead and which were burned during their burial.

 

The painter reveals a new universe that is beyond words and as enigmatic as the title portends. As usual, Mickaël Doucet offers the spectator pieces of space, by subtly evoking here and there an inherent questioning of the human condition, but the break with his previous series of Villégiatures (Resorts) is indeed compete.

 

The painter shows a different aspect to that of his villas – one that is more intimate and deeper, as if the observer had finally been able to penetrate into these smooth spaces. We leave the large tiled and grey concrete floors of the last series and their perspectives without purposes to join more familiar rooms, in which we find the taste of the artist for designer furniture. Mickaël Doucet introduces us almost secretly into reduced spaces, through a bedroom, office or boudoir.

 

The contrast between the closed internal space and the outer immensity creates the anxiety of an imminent threat. We do not focus any more on the inside; we confront it with the outside, as a new possibility, a breakaway … or a breach in the human fortress.

 Bay windows have always the same passing register between two worlds, but whose fragility announces the imminent influence of one on the other.

The windows let light filter through – an essential plastic element for the technique of the painter who establishes a play of textures and depths. The Shao Huo mentioned in the title of the series are embodied by the appearance of origamis which hide themselves in a luxuriant vegetation or, in some cases, have already penetrated into the inner world. Curves offered by the elements of vegetation disrupt the indoor linearity. In the same way, the silence and stillness of the interior seem offset by untamed outsides and the apparition of origamis. The balance is upset, The Shao Huo were inserted through entries deliberately left open by the artist.

 

The Shao Huo can be perceived as allegories of violence and death – inseparable ingredients of humanity, following their initial funeral function. These paper creatures seem to be the source of an alarming event, an imminent apocalypse. Like envoys of chaos, origamis give all their suggestive power to the paintings and nurture the statement of the artist. This one makes the interpretation more complex and introduces references to a universal mythology. He nevertheless refuses the idea of a binary opposition between life and death, leaving interpretation and questioning for the observer. After all, it could just be a bad dream...

(Translation David Elder)

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